Qu'est ce qu'une opinion? L'opinion est une idée sur quelque chose, façonnée à partir d'un référent qui est un ensemble d'idées sur cela. C'est un système comparatif. Une opinion se forge à partir d'une comparaison, qui fait intervenir la mémoire. Cela fait également apparaître un renforcement du "je" : j'aime ceci, je n'aime pas cela. Mon opinion est que ceci est une action juste, ceci une action fausse. Quelle est l'utilité de l'Opinion? Définir exactement et précisément le "je", le moi.
L'opinion est l'expression même de l'Ego. Et qu'est ce que l'Ego? Une opinion, sur Soi et sur le Monde.
Qu'est ce qui donne cette opinion sur Soi? L'Ego lui même. L'ego existe par l'ensemble des réactions, aux opinions sur lui même.
Comment s'est il créé? Par l'ensemble des opinions familiales sociétales, politiques, religieuses, philosophiques, spirituelles téléchargée dans la psyché, et stocké là comme mémoire. L'ensemble de ces opinions forment un sentiment de "je suis quelque chose", je suis cet ensemble d'Idées, de Concepts. Dès lors ce "je suis quelque chose" se différencie du monde qui est cet autre quelque chose, bien que le monde ainsi conçu, est une idée en relation avec l'idée du "moi même". Il y autre chose que soit, donc réaction. Sympathie, antipathie : tout ceci dépend du contenu des nombreuses définitions amalgamées intérieurement comme une bibliothèque du contenu du Moi. Vous me direz : mais non! je ne suis pas une définition de moi même! Et nous serions d'accord, car qui vous êtes est effectivement au delà des définitions, au delà du "contenu d'informations". Vous êtes en effet la vie, et votre nature "Vide" est aussi le potentiel de toutes choses en devenir. Si par contre une quelconque opinion de "vous même" vous donne un sentiment de sécurité et que vous vous retranchiez maintenant dans cette même idée : "non! je suis ouvrier, ou artiste, ou professeur, c'est ma fonction, c'est ce que je suis" ou quoi que ce soit qui puisse vous définir, je continuerais mon exposé.
Peut on vous définir par ce que vous faites?
Oui me direz vous.
Il existe effectivement une définition de ce que vous faites, mais êtes vous cette définition? Êtes vous ce que vous faites? Si c'est le cas vous vous définissez par vos actes passés. Êtes vous donc le passé?
Je ne viens pas là avec une vérité, je cherche simplement à ce que nous étudions cela ensemble.
Nous avons vu que les définitions diffèrent grandement d'une personne à l'autre. Nous appelons cela richesse de la variété humaine.
Est il possible de concilier différents points de vue? Ces points de vue sont fondés sur quoi?
J'ai un point de vue sur cette situation. Je peux même justifier ce point de vue. Mais à partir de quoi est ce que je justifie ce point de vue? Un ensemble d'idées passées. Comme si mon référent était simplement une caméra, avec un filtre de contenus précis, et que ce filtre, et l'angle de visée est ce que je suis. Autrement dit, des yeux, et un cerveau.
Bien. Mais d'où proviennent ces idées? de l'accumulation de temps, d'expérience.
On dit que l'expérience est Sagesse. Donc le nombre d'années détermine la sagesse.
Mais la sagesse est elle vraiment temporelle? La Sagesse participe-t-elle au mouvement du temps?
Il y a l'idée, il y a le temps, il y a la mémoire qui contient l'idée. Le mouvement de l'idée créé le temps.
Et l'idée est mémoire.
L'idée est donc une réminiscence d'une mémoire.
Dès lors posons nous une question : qu'est ce que le temps? existe t il vraiment en dehors de la pensée?
Hier existe par la mémoire de hier.
Demain existe par la projection des désirs pour demain.
Il y a bien une transformation des paramètres de la réalité, permanents, mais est ce cela le temps?
Ou le temps serait plutôt le fruit du déroulement de la mémoire que l'on appelle pensée?
Je suis assis sur une chaise. La chaise est sous moi, sous mes fesses.
Hier j'étais assis sur un fauteuil. Est ce que le fauteuil existe quand je ravive ma mémoire, bien que je sois assis sur une chaise?
Quand je ravive ma mémoire, la chaise sous moi ne m’apparaît plus.
J'ai beau me souvenir du fauteuil, c'est bien la chaise qui est là.
Je pourrais faire preuve d'une immense imagination que la chaise est toujours là. Le fauteuil lui est une idée.
Il y a une frontière ici que je cherche à observer.
Il y a une chaise, il y a l'idée d'un fauteuil.
Quand j'invoque l'idée d'un fauteuil, il y a conflit avec ce qui est.
Il y a agitation, activité du mental, de la pensée, de l'idée.
Alors que la chaise, elle, n'a pas besoin de la moindre idée sur elle pour être.
La chaise est et ne me demande aucune énergie conceptuelle pour la faire exister.
Le fauteuil existe en tant que mémoire et n'existe pas en tant que réalité.
La chaise est, et c'est tout.
Invoquer une image créé une distorsion dans ce qui est alors que l'acceptation de ce qui est est source de paix.
Il y a ce qui est, et c'est suffisant pour tout.
La mémoire est une illusion, une hallucination superposée à la réalité simple de ce qui est.
Puisque nous sommes dans un cadre d'expérience de Vie, posons nous donc la question : est il possible d'exister sans mémoire, sans pensée?
Tentons donc l’expérience dès à présent, ensemble. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons mener une compréhension.
Votre participation est vivement souhaitée, sinon tout ceci n'est qu'un monde d'idées, et ce n'est paradoxalement pas le sujet, ce n'est pas l'intérêt de ce que nous recherchons maintenant.
Nous nous demandons en toute courtoisie si il est possible de vivre sans mémoire, en acceptant simplement ce qui est maintenant. Sans commentaire. J'accepte la chaise ou quelque support sur lequel je suis assis, tel que c'est.
Je ne lui superpose pas d'idées, d'opinions, de jugements, de concepts particulier.
Je n'ai pas besoin de définir mon support. C'est. Et Cela suffit.
Pas besoin non plus de me dire "oh je préférerais un fauteuil plus confortable".
Non j'accepte ce qui est là.
Alors soudainement, il n 'y a plus de conflit. Bien sur "mon" mental peut faire des commentaires "mmm cette chaise est confortable, ou cette chaise n'est pas confortable".
Mais contentons nous d'accepter cette chaise.
Est ce que l'acceptation demande un effort? Est ce que accepter est un "faire" quelconque?
Je constate que l'acceptation ne demande aucun effort, car c'est simplement ce qui est. Peut être simplement une attention, sans tension donc. Je ne fait pas l'effort d'imaginer la chaise, puisqu'elle est.
Par la même occasion nous pouvons constater qu'accepter le livre que nous tenons dans les mains, ou la lumière qui nous permet de lire, ou même notre corps sont tout autant simple à accepter.
Quand nous acceptons ce qui est, ce qui est peut être chaise, table, lit, lumière peu importe : quand il y a acceptation il y a un espace qui se crée de lui même.
Accepter revient donc à laisser être. Et laisser être est source d'une grande sérénité. Au lieu de commenter sans cesse ce qui est, nous pouvons simplement accepter ce qui est et laisser être. C'est un chemin de grande paix. Il n'y a plus de conflit parce qu’il n'y a plus de résistance.
Il n'y a plus en "moi" de mémoire qui vient agripper les choses, ou leur faire barrage, parce qu’il n'y a plus de "choses psychologiques".
Il y a ce qui est, une unité, une équanimité de ce qui est, sans distinction.
Si j'accepte ce qui est, alors il n'y a plus personne.
Ce que je suis devient alors imprévisible, car qui je sais être n'est plus une accumulation d'idées, de mémoire.
Nous devenons alors tellement présent que nous sommes littéralement neuf sans cesse car nous n'accumulons plus de temps, qui comme nous l'avons découvert, est liée au mouvement de la pensée.
Nous n'avons plus rien à prouver, car nous ne sommes plus un contenu, mais l'espace dans lequel se produit la Vie.
Le contenu auquel nous nous accrochions se dissout, et la Conscience que nous sommes retourne à sa nature de Silence Pur.
Pourquoi commentons nous ce qui est?
Parce que nous tentons sans réussite de couvrir de sens ce qui n'a pas de sens, et se révèle majestueusement sans aucune forme d'utilité.
Nous avons beau concevoir les plus grandes idées, elles ne sont que poussière parmi la poussière. Des mouvements, qu’agrippent notre sentiment d'être quelqu'un ou quelque chose, ce qui revient au même, et qui n'est rien en réalité.
Peu importe les efforts que nous pouvons déployer pour réaliser de grandes choses, pour "devenir quelqu'un", ces choses sont vouées à la destruction, par la loi de dissolution.
Rien de ce qu'on peut bien faire dans le monde ne vient rajouter véritablement quoi que ce soit à ce qui est déjà pleinement complet présentement.
Quand l'enfant pose des questions, il a déjà perdu ce sens d'inutilité propre au Soi profond. Quand commencent les questions commencent les téléchargement dans la tête des réponses, des idées qui chosifient le monde, et alors le paradis est perdu le temps de ce voilage conceptuel progressivement projeté.
À la différence d'élever au sens d'élévation, éduquer un enfant, c'est le façonner, mouler son regard et enfermer son âme au travers du prisme limité de notre entendement du monde, qui n'est que personnel.
L'enfant ne fait que reproduire précisément ce qu'on lui montre, ce qu'on lui dit de faire : il est programmé.
Après il se rebelle contre cette programmation, à raison, mais en réaction il forme un autre programme.
Tout en ne sachant jamais que tout programme est en réalité un mensonge.
Tout le programme est l'illusion, le bruit à la surface de l'infini silence qui est la réalité.
Bien sur, ce programme à son utilité, évidemment. En tant que système fonctionnel, il nous permet d'opérer. Mais c'est normalement la limite de son champ d'activité.
Il en fini par s'auto-justifier, tant est si bien qu'il en oublie le sens même de sa propre finitude.
Cette structure possède son propre système interne de défense, car battit sur la défense elle même du Réel.
Pourtant, en tant que "forme", ce programme est soumis aux lois du Monde de la Forme : la fin irrémédiable par la mort et la dissolution.
Pourtant, et c'est là l'ironie, c'est au travers de la mort à l'identification à cette mémoire, cette éducation, ce programme, que nous pouvons naître à une dimension qui n'obéit pas aux lois de la forme, et qui dans sa nature, est non manifestée.
Appartenant au pur esprit, cette rencontre ne peut se faire que par la prise de conscience du contenu, et du mécanisme de notre idée sur nous même et sur le monde.
Ce qui meurt dans le processus, c'est l'idée sur ce qui est, par ce qui est, qui, à jamais inchangé, est immuable. Les mots ont leur limites à ce niveau bien sûr car soumis aux lois de la forme.
Le scientifique en nous, qui se nourrit du résultat de la réaction avec les choses, le cadre de son expérience, ne vit que de l’expérience du concept sur elles, des accumulations de chiffres, de données sur cette expérience, créant des hypothèses qui sont autant de prisons, de labyrinthe qui par les résultats s'auto-justifie. Dès le départ, l'erreur, par peur certainement, est de questionner ce qui est en sur ajoutant dessus un filtre.
En effet, au lieu d'observer ce qui est, sans chercher à le définir, en observant véritablement, le scientifique en nous questionne ce qui est avec un crible de lecture déjà préconçu puisque c'est bien le sentiment 'incomplétude du moi qui bâti cette réflexion et donc ce questionnement. Et cet échafaudage l'éloigne toujours plus de la simplicité de ce qui est, qui hors concepts, et totalité.
La particularité crée forcément une division, et aucune particularité ne peut amener à la compréhension complète qui est au delà des concepts. Nous ne pouvons avec un concept qu’approximer le réel, qui lui, hors de notre projection, est complet.
Il n'est pas possible de sortir de cet enfermement par des idées car les idées sont elles mêmes l’enfermement.
Cette prise de conscience est redoutable pour l'Ego car il est justement cet amas d'idées!
Et il se fait passer pour "quelqu'un", et c'est même là la totalité de sa fonction.
L'Ego pourrait " Je suis la Justification de ce qui me sépare du reste, par l'ensemble de mes caractéristiques"
L'ego donc vit de cette importance donnée à la définition de ce qui est, autant lui que le monde, puisque ce n'est manifestement que dans le champ de sa perception erronée de division qu'existe cette distinction. "Moi" et le "monde", sont la racine même de ce concept qui se fait passer pour un "je".
L'Ego à donc peur d'une chose fondamentale : se rendre compte qu'il n'est qu'une illusion. La définition qu'il donne au monde n'est pas le monde, aussi fine soit sa capacité à englober conceptuellement tout.
Cette défaite de ce système embarqué en nous même à conceptualiser en totalité ce qui est, mène à une porte, qui est difficile à franchir. Elle est basse, car elle demande une grande humilité.
Autrement dit, une capacité à comprendre, que ce n'est certainement pas avec une "personnalité" que nous pouvons rencontrer ce que nous espérons, autrement dit la Réalité, La Vérité, la Vie.
Le monde n'a pas besoin de définition pour être. Cela est. La prise de Conscience est tellement simple, que cela échappe totalement à un mental déjà remplit de concept et d'idées, et qui se refuses à les laisser de côté. Bien sûr, c'est un mécanisme de défense, une peur, car accepter ce qui est sans plus lui opposer de "moi", c'est accepter de "mourir" symboliquement au petit "je".
Au niveau de l'identification intérieure, c'est une mort véritable.
Le mental, l'ego, est perdu dans un état d'hypnose sans contact avec la nature véritable vivante et instantanée de ce qui est.
Il superpose sans cesse à ce qui est quoi que ce soit pour justifier son existence, son irréalité.
Nous finissons par nous rendre compte qu'il n'y a pas de "je". Ce "je" est l'erreur primordiale, et la question de sa propre existence indépendante est l'énergie même qui entretient son propre mensonge, probablement la source de la Souffrance Humaine.
Là où il y a savoir, il y a fragmentation, l'Univers n'est plus vécu, mais "vu" au travers d'une idée.
L'hallucination du concept s'intercale entre la perception directe et neutre, et forme l'agrégat qui est cet Ego.
L'ego devient donc une idée basée sur l'accumulation de connaissance, d'idéologies, de concepts, qui se nourrit de ses réactions face à d'autres concepts, et l'humanité emprisonnée se pense au travers de ce maillage, et entretient la notion de diversité, qui est toute conceptuelle et superficielle, en renforçant l'individualisme par différenciation, et donc fragmentation.
Regardons une fleur, soyons vraiment avec elle : ne la "pensons" pas.
Nous n'avons pas besoin de connaitre son nom ni même sa couleur pour qu'elle se révèle à nous dans sa totalité. Ne la réduisons pas, soyons avec elle dans un mouvement de vie, dans une découverte permanente.
Aucun jugement. Compliment, critique, tout cela continue à nourrir un sentiment de personnalité, de "moi" qui fait obstacle, qui fondamentalement est l'erreur primordiale, la séparation avec ce qui est.
Alors pour changer, pour une fois, ou pour toujours, cessons de définir ce qui est là maintenant.
Ce qui est, est.
Il y a Observation du monde, sans distinction.
Plus de "je" qui observe.
Juste "Observation".
Il n'y a que Cela.
Alors, soudain, comme par Miracle, Tout est magistralement vivant de Silence...
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